Interview de l’Organisation Nahuathl Indépendante. (ORNI), Région de Nuevo Necaxa, Puebla, Mexique
L’ORNI est une société de Solidarité Sociale formée par 6 villages indiens de la Région de Nuevo Necaxa, Puebla, au Mexique. Elle travaille dans le domaine de la santé et de l’alimentation selon les principes de l’autogestion et du commerce équitable. Met l’accent sur la mémoire communautaire et l’importance du rôle des femmes dans la communauté.
Chilo Villareal, mars 2004
Quel est l’objectif principal de votre activité économique ?
Mettre en place une économie juste, dans le travail communautaire, mener une vie digne au moyen de la prise de conscience et de l’organisation dans la santé et l’alimentation alternative.
Pratiquez-vous une économie différente ? En quoi se différencie-t-elle de l’économie dominante ?
Oui, c’est une économie dont le but est le bien de la communauté avec la participation des personnes qui intègrent l’organisation, unies à d’autres organisations. Recevant en même temps une formation et partageant avec les communautés.
D’après vous qu’est-ce que l’abondance ? L’abondance matérielle est-elle un but ou un moyen d’atteindre quelque-chose de plus ? Qu’est-ce que ce plus ?
C’est satisfaire les besoins élémentaires en tant qu’être humain (nourriture, vêtement, logement, enseignement) et vivre en harmonie avec la Terre Mère, c’est un but, mais c’est aussi un moyen pour vivre dignement, pour s’épanouir de façon intégrale. Nous avons le souci d’assurer la vie aux générations futures, un monde différent où l’individualisme ne l’emporte pas sur l’être communautaire. Travailler pour l’union des forces qui s’organisent.
Quelles sont les valeurs que vous et vos camarades /collègues pratiquez dans votre vie quotidienne et dans votre travail ? D’après vous, est-il possible que ces valeurs prédominent un jour dans l’ensemble de la société ? Comment peut-on les généraliser ?
La vérité, la responsabilité, la générosité, l’honnêteté, le service à la communauté, l’union, la justice.
Si l’on pouvait généraliser ces valeurs depuis l’espace local, puis régional, et national en partageant les mêmes idéaux de ces valeurs que nous vivons dans chaque organisation et d’une organisation à l’autre, suivant les besoins de chaque organisation, en achetant au juste prix, en échangeant les connaissances, les produits, ou bien en faisant arriver le produit directement au consommateur.
Quelles innovations avez-vous développées sous la forme de l’organisation, la gestion et l’appropriation des fruits du travail ?
Dans l’organisation, les décisions sont prises par consensus et au niveau de la direction, chaque membre choisit la sphère qu’il préfère. Il existe un dialogue pour corriger les erreurs et pouvoir ainsi poursuivre nos buts. Le résultat des fruits du travail – les moindres qu’ils soient – sont répartis de forme équitable ou bien on discute comment on investira ce bénéfice.
Considérez-vous qu’il est important de travailler dans un réseau de solidarité ou dans des chaînes de production solidaires ? En quoi consistent–elles à votre avis ?
Oui, c’est important de travailler en réseaux parce que nous ne sommes plus isolés, chacun unira ses forces de manière plus organisée et on établira davantage des liaisons humaines en connaissant les personnes ou les organisations qui ont ce même objectif.
Connaître la réalité de chaque endroit et les besoins de chacune des organisations.
Que les prix des produits de ce réseau soient justes.
Élaborer des produits de qualité.
Avoir un profit sur un mode communautaire dans le réseau.
Se former, s’actualiser.
Votre activité a-t-elle de l’influence sur la vie de la communauté ? Comment et dans quelles sphères ?
Oui, parce que les femmes y participent en groupe, s’engagent, se forment, se valorisent, s’intègrent et cherchent le bien de leur communauté. Ainsi qu’avec l’utilisation de produits tels que la cacahouète, l’amarante, le soya qui aident à l’alimentation et avec la préparation d’une médicine alternative.
D’après vous, qu’est-ce que le travail ? Quelle valeur et quelle signification a-t-il dans votre vie ?
Le travail c’est se former, c’est la mise en œuvre des acquis, c’est produire ou récupérer les connaissances pratiques de nos grands-parents, c’est réaliser les activités qui me plaisent, c’est me rendre digne en tant que femme, c’est donner un sens à la vie et à ma vie. La valeur, c’est le sentiment que je peux apporter quelque chose à ce processus.
Quel est le rôle de la femme au sein d’une initiative économique caractérisée par la coopération et la solidarité ?
Elle se maintient dans le travail qu’elle accomplit dans l’organisation, elle motive et encourage les autres femmes à se valoriser, à se former, en donnant des cours et en organisant des ateliers en groupe. Elle prend des décisions prioritaires dans son foyer et dans sa communauté. Elle a l’initiative, elle sait gérer l’économie qui est à sa portée et la multiplie.
Comment les politiques publiques et l’Etat peuvent-ils contribuer au progrès de la socio-économie solidaire ?
Il est important que les programmes du gouvernement tiennent compte des propositions faites par les organisations et que celles-ci soient viables.
Croyez-vous que la mondialisation de la coopération et de la solidarité est possible ? Comment faire pour qu’elle devienne réelle?
Oui, c’est possible, parce que dans l’organisation on pratique le service communautaire à partir de nos propres ressources, c’est plus lent, mais c’est possible. Et si nous construisons un réseau avec d’autres personnes et organisations, nous pourrons nous acheminer vers la création d’un monde différent avec cet idéal d’une mondialisation de la coopération et de la solidarité, en mettant en commun ce que nous avons, suivant notre réalité et notre diversité, dans le respect, l’honnêteté, l’aide réciproque et en laissant la personne ou l’organisation se développer, par l’union des forces et la conquête d’espaces locaux, régionaux et nationaux, du peuple et pour le peuple.
Sources :
Chantier Vision du PSES
Voir aussi :
-
Mme Houngbo Julienne est membre de l’Association des caisses de financement du Bénin (ACFB) dont elle assure actuellement la présidence.
Aurélien Atidegla, novembre 2003
-
Joaquim est membre de la COOPEVIDA. Actuellement, il est le coordinateur général du CENTRU-MA (Centre d’Education et Culture du Travailleur Rural) et Vice-Président de la CCAMA (Centrale de Coopératives Agro-Extractives du Maranhão). Joaquim et sa famille possèdent un terrain de 33 hectares dans le sud du Maranhão, dans la municipalité de Mangabeiras.
Marcos Arruda, novembre 2003
-
Interview de CEDESA et REMECC (Réseau Méxicain de Commerce Communautaire).
La première organisation s’occupe de développement intégral dans plusieurs communautés paysannes dans la région de Dolores Hidalgo Guanajuato. La deuxième, de commercialisation au niveau national; elles sont liées à RELACC (Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire) basé en Equateur. Travaille dans le domaine de l’économie solidaire impliquant auto-consommation et consommation consciente pour aller vers un développement autocentré.
Chilo Villareal, décembre 2003
-
Interview de Maria Guadalupe Castañeda, région de l’Isthme de Tehuantepec au Mexique.
L’association travaille dans le domaine de l’appui à des projets agricoles selon des principes du commerce équitable. Elle assure le suivi de ces organisations:Conseil, Projet et Evaluations.
Chilo Villareal, décembre 2003
-
Interview of Austreberta Luján, Chatino Indians Community, Oaxaca region in Mexico
Production and consumption of organic Jamaica coffee of quality according to principles of solidarity economy.
Chilo Villareal, janvier 2004
-
Interview de Lozada Seminario Marianella , Groupe Initiative d’Economie Solidaire - Chiclayo (Pérou)
Activité dans le domaine de la formation, production, commercialisation au Pérou
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
-
Interview de Pariona Fredy, Magasin du Commerce équitable à Huancayo (Pérou)
Activité dans le domaine du commerce équitable
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
-
Interview de Monsieur Walter Velasquez Nunez, Gies Cuzco - Conseil en affaires agricoles - Pérou
Gies Cuzco - Conseil en affaires agricoles
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
-
Dans un cadre économique très dégradé, l’économie Bayanihan ou économie solidaire aux Philipines met au centre les questions de formation, l’importance de Dieu, se délivrer de l’attitude de mendicité et apprendre à épargner ainsi que d’entreprendre dans un esprit différent.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de Annie García - Golden Harvest Christian Ministry International , Philippines.
L’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philipines, met l’accent sur l’élément spirituel et des projets pour permettre à des communautés de sortir de la pauvreté. Un travail d’échanges à différentes étapes de la chaîne de production permettent une amélioration substantielle de la qualité de vie des personnes impliquées.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de l’organisation- LJOR Fellowship, Philippines
L’organisation LJOR Fellowship coordonne sept organisations populaire dans sept villages. Ses activités comprennent la formation de valeurs, l’organisation communautaire, l’accumulation de capital, le développement d’entreprises et le renouvellement spirituel. Cette expérience s’inscrit dans le cadre de l’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philippines.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview avec l’organisation Pasay City Cooperative Service, Philippines
Le Pasay City Cooperative Service promeut l’établissement et le renforcement de coopératives (habitat et identification de projets économiques pour les populations des bidonvilles). Il organise, coordonne et met en réseau 10 organisations populaires dans 10 villages. Importance de la sagesse et du spirituel.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de NETECO -Organisation de Droits Humains intégraux, Puebla, Mexique
Importance du travail de groupe et d’amélioration de l’alimentation.
Chilo Villareal, mars 2004
-
Interview de Sheelu Francis, Tamil Nadu Women’s Collective, Tamil Nadu – Inde
Sheelu Francis est une leader internationalement connue du collectif fort de 60 000 femmes, actif dans tout l’état de Tamil Nadu, dans le Sud de l’Inde. Sheelu est également la porte-parole internationale du Collectif: elle parle des impacts du commerce international, de la dette et des activités des entreprises transnationales sur le développement local, sur la sécurité alimentaire et la souveraineté.
Marcos Arruda, avril 2004
-
Oscarina est une représentante des travailleurs associés au mouvement de l’ECOSOL brésilien; elle est une leader du Forum de São Paulo de l’Economie Solidaire, et la seconde représentante de la région sud-est auprès de la coordination exécutive du FBES-Forum Brésilien de l’Economie Solidaire. La coopérative fonctionne dans le domaine de la psychologie – le groupe a opté pour la Psychologie Sociale Communautaire
Rosemary Gomes, mars 2004