Interview de Josephine Gruta et Rolando Londonio - Golden Harvest Christian Ministry International, Philippines.
Dans un cadre économique très dégradé, l’économie Bayanihan ou économie solidaire aux Philipines met au centre les questions de formation, l’importance de Dieu, se délivrer de l’attitude de mendicité et apprendre à épargner ainsi que d’entreprendre dans un esprit différent.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
1.Quel est le but principal de votre activité économique?
Notre but principal est la vision du Programme Bayanihan: former des leaders justes et des citoyens généreux, qui vivent une existence pleine d’abondance.
2. Pratiquez-vous une ECONOMIE ALTERNATIVE, ou une AUTRE économie? Si oui, dans quel sens se différentie-t-elle du courant dominant de l’économie?
L’économie dominante a dégradé l’économie de notre pays en la transformant en une économie rétrograde. Dans les années 1950, les Philippines étaient au second rang, après le Japon, en termes de développement. L’économie dominante a produit une moisson de gens qui attendent que le gouvernement rende leur vie meilleure. Quand cela ne marche pas, ils s’adressent à n’importe quelle organisation en mesure de leur promettre quelques bénéfices matériels. Notre peuple est imbibé de la mentalité de pauvreté, et de l’attitude de mendiant.
Bayanihan refait vivre les anciennes valeurs philippines de “sinop” (ordré, systématique), de “masipag” (travail dur), “may pag-asa” (plein espoir) et “may takot sa Diyos” (la crainte de Dieu). Telles sont les valeurs qui ont rendu les Philippins capables de se placer parmi les premiers pays d’Asie en matière de développement dans les années 1950.
3. D’après vous, qu’est-ce que la richesse? La richesse matérielle est-elle le but ultime que vous désirez atteindre, ou un moyen pour obtenir quelque-chose? Qu’est-ce que cette autre chose?
La richesse signifie avoir la connaissance, ou être une personne éduquée, avoir un bon travail, un bon salaire, et alors les besoins de la persones sont satisfaits. L’argent est un moyen pour atteindre cela. Mais sans la sagesse qui nous est donnée par Dieu, il est aussi facile de gaspiller toutes ces ressources et de finir dans la pauvreté.
4. Quelles sont les valeurs que vous et vos camarades pratiquez dans votre vie quotidienne et dans votre travail? Croyez-vous que ces valeurs pourraient prédominer un jour dans toute la société? Comment faire pour y arriver?
Pour moi, les valeurs les plus importantes sont:
un rapport solide avec Dieu
la délivrance de la mentalité de pauvreté et de l’attitude de mendiant
l’habitude d’épargner
être plus généreux, être une bénédiction pour les autres. En général, ces valeurs sont applicables aux Philippines parce que nous sommes Chrétiens. Mais même nos frères Musulmans croient en Dieu.
5. Quelles innovations avez-vous développées en organisant la propriété, en administrant le travail et l’appropriation des fruits du travail?
Je suis en mesure d’énumérer trois innovations auxquelles j’ai contribué au sein du programme: 1) “me multiplier” en transférant la vision de Bayanihan à d’autres leaders en formation; 2) la création d’une méthode de présentation de l’Evangile de Jésus Christ aux non-croyants sans être “religieux” ou “bigot”; 3) l’introduction d’un schéma financier pour les chauffeurs de pédicab (moto avec side-car pour le transport de passagers), afin qu’ils deviennent propriétaires de leur pédicab, en se libérant ainsi du louage onéreux de pédicabs.
6. Pouvez-vous énumérer les choses que vous considérez les plus importantes lorsque vous travaillez au sein d’un réseau de solidarité (coopérative) ou dans une chaîne de production dont la ligne de conduite se base sur la solidarité/coopération?
L’entraînement continu de leaders locaux et de membres d’organisations populaires des séminaires sur l’art de gérer une entreprise et de développer l’habilité créative pour inculquer aux gens du village les principes et pratiques d’économiser pour investir.
7. Est-ce que votre activité a de l’influence sur la vie au sein de la communauté? Si oui, comment, et dans quels domaines?
Le style de vie des individus qui ont adhéré au programme Bayanihan a changé. Maintenant, ils ont développé l’habitude d’économiser, ils ont une vie spirituelle vibrante, et une prédisposition positive quant aux activités ayant trait à une entreprise. Les couples qui ont vécu ensemble sans être mariés pendant des années se sont finalement mariés et ont légitimé leur union ainsi que leurs descendants. Ceux qui avant dépendaient de la drogue ont changé leur vie et sont devenus de bons membres de la communauté.
8. Quelle est votre compréhension du mot “TRAVAIL”, d’après votre expérience? Quelle valeur et quel sens a-t-il dans votre vie?
Le travail signifie engagement, responsabilité, le privilège d’acquérir plus d’expérience. Grâce au travail, je deviens une bénédiction pour les autres, surtout pour ma famille. Je suis heureuse lorsque ma famille est heureuse.
9. Quel rôle la FEMME joue-t-elle au sein d’une initiative économique dont le fil conducteur est la coopération/solidarité?
Les femmes sont des communicatrices efficaces, parce que leur présence, en général, n’est pas menaçante, comme celle des hommes. En tant que telles, les femmes sont des agents naturels de la mobilisation de la communauté et des dynamiques sociales.
10. Comment les politiques publiques et l’Etat peuvent-ils contribuer au progrès d’une économie basée sur la solidarité/coopération (bayanihan)?
Le gouvernement devrait appuyer l’élargissement du programme Bayanihan. Le gouvernement peut en faire une politique nationale; le programme Bayanihan pourrait être adopté par toutes les communautés.
11. Croyez-vous que la globalisation de la coopération et de la solidarité soit possible? Si oui, comment pourrait-on la réaliser?
Le premier pas consiste à se lier avec le gouvernement pour augmenter et approfondir l’influence du programme Bayanihan dans tout le pays. (Au moment de cet interview, le programme Bayanihan est en train d’être implanté dans 497 villes et municipalités aux Philippines , par plusieurs organisations indépendantes). Avec le gouvernement comme partenaire du programme, les Philippines peuvent partager cette expérience avec ses pays voisins, à travers des organisations régionales comme ASEAN et APEC.
Sources :
Chantier Vision du PSES
Voir aussi :
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Mme Houngbo Julienne est membre de l’Association des caisses de financement du Bénin (ACFB) dont elle assure actuellement la présidence.
Aurélien Atidegla, novembre 2003
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Joaquim est membre de la COOPEVIDA. Actuellement, il est le coordinateur général du CENTRU-MA (Centre d’Education et Culture du Travailleur Rural) et Vice-Président de la CCAMA (Centrale de Coopératives Agro-Extractives du Maranhão). Joaquim et sa famille possèdent un terrain de 33 hectares dans le sud du Maranhão, dans la municipalité de Mangabeiras.
Marcos Arruda, novembre 2003
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Interview de CEDESA et REMECC (Réseau Méxicain de Commerce Communautaire).
La première organisation s’occupe de développement intégral dans plusieurs communautés paysannes dans la région de Dolores Hidalgo Guanajuato. La deuxième, de commercialisation au niveau national; elles sont liées à RELACC (Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire) basé en Equateur. Travaille dans le domaine de l’économie solidaire impliquant auto-consommation et consommation consciente pour aller vers un développement autocentré.
Chilo Villareal, décembre 2003
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Interview de Maria Guadalupe Castañeda, région de l’Isthme de Tehuantepec au Mexique.
L’association travaille dans le domaine de l’appui à des projets agricoles selon des principes du commerce équitable. Elle assure le suivi de ces organisations:Conseil, Projet et Evaluations.
Chilo Villareal, décembre 2003
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Interview de Austreberta Luján, Communauté Chatinos, région de Oaxaca au Mexique
Production et consommation de café Jamaica de qualité produit selon les principes de l’économie solidaire et de l’agriculture biologique.
Chilo Villareal, janvier 2004
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Interview de Lozada Seminario Marianella , Groupe Initiative d’Economie Solidaire - Chiclayo (Pérou)
Activité dans le domaine de la formation, production, commercialisation au Pérou
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
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Interview de Pariona Fredy, Magasin du Commerce équitable à Huancayo (Pérou)
Activité dans le domaine du commerce équitable
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
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Interview de Monsieur Walter Velasquez Nunez, Gies Cuzco - Conseil en affaires agricoles - Pérou
Gies Cuzco - Conseil en affaires agricoles
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
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Interview de Annie García - Golden Harvest Christian Ministry International , Philippines.
L’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philipines, met l’accent sur l’élément spirituel et des projets pour permettre à des communautés de sortir de la pauvreté. Un travail d’échanges à différentes étapes de la chaîne de production permettent une amélioration substantielle de la qualité de vie des personnes impliquées.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview avec l’organisation Pasay City Cooperative Service, Philippines
Le Pasay City Cooperative Service promeut l’établissement et le renforcement de coopératives (habitat et identification de projets économiques pour les populations des bidonvilles). Il organise, coordonne et met en réseau 10 organisations populaires dans 10 villages. Importance de la sagesse et du spirituel.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview de NETECO -Organisation de Droits Humains intégraux, Puebla, Mexique
Importance du travail de groupe et d’amélioration de l’alimentation.
Chilo Villareal, mars 2004
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Interview de l’Organisation Nahuathl Indépendante. (ORNI), Région de Nuevo Necaxa, Puebla, Mexique
L’ORNI est une société de Solidarité Sociale formée par 6 villages indiens de la Région de Nuevo Necaxa, Puebla, au Mexique. Elle travaille dans le domaine de la santé et de l’alimentation selon les principes de l’autogestion et du commerce équitable. Met l’accent sur la mémoire communautaire et l’importance du rôle des femmes dans la communauté.
Chilo Villareal, mars 2004
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Interview de Sheelu Francis, Tamil Nadu Women’s Collective, Tamil Nadu – Inde
Sheelu Francis est une leader internationalement connue du collectif fort de 60 000 femmes, actif dans tout l’état de Tamil Nadu, dans le Sud de l’Inde. Sheelu est également la porte-parole internationale du Collectif: elle parle des impacts du commerce international, de la dette et des activités des entreprises transnationales sur le développement local, sur la sécurité alimentaire et la souveraineté.
Marcos Arruda, avril 2004