Du solidarisme à l’économie solidaire. Fonder et réaliser la solidarité.
Sous la direction de Emmanuel d’Hombres, Chronique Sociale, Coll.Comprendre la Société, France, 2015
C’est une riche idée que de publier ces textes intéressants d’un colloque comparant et analysant le solidarisme de Léon Bourgeois du début du siècle dernier et l’économie sociale et solidaire d’aujourd’hui. Le solidarisme, qui a eu son heure de gloire, estime que la société est un tissu dans lequel chacun est débiteur et créancier de tous les autres. Ce qui explique et justifie que la solidarité soit le liant essentiel pour qu’elle fonctionne correctement. Une analyse que partageaient des intellectuels de l’époque comme Charles Gide (pour Serge Audier), Marcel Mauss (pour Cyrille Ferraton) ou Simone Weil (pour Emmanuel Gabellieri).
Le texte le plus original est celui d’Hervé Defalvard, qui propose un modèle conciliant l’« altruité » (le souci d’autrui) avec la concurrence, dans ce qu’il estime être la logique de Léon Bourgeois, mais aussi de Joseph Stiglitz. On reste un peu interloqué devant ces équations, dont l’idée maîtresse est d’injecter de la morale dans l’échange, et pas seulement de l’intérêt. C’est en tout cas original, et l’auteur en tire la conclusion que l’économie sociale pourrait être la base opérationnelle de cette nouvelle approche, qui pourrait, selon lui, se généraliser à l’ensemble de l’économie.
Marie-Claude Blais, Elena Lasida et Emmanuel d’Hombres analysent les liens passés et présents entre solidarisme et économie sociale, tandis que Bruno Frère joue les perturbateurs en critiquant sévèrement l’un et l’autre. Réjouissant !
Denis Clerc (Alternatives Economiques)