L’utilité sociale : des pratiques aux représentations. Une étude de cas dans le champ de l’insertion par l’activité économique
Thèse de doctorat es sciences économiques, Université Paris I, Panthéon Sorbonne, France.
Hélène Trouvé, novembre 2007
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Résumé :
Si les associations sont acteurs du développement économique, l’évaluation de leurs productions en terme d’utilité sociale demeure l’objet de nombreux débats et controverses. Au croisement de multiples enjeux sociopolitiques, l’utilité sociale est une notion polysémique non consolidée, mobilisée à la fois en tant que justification du financement public (registre institutionnel), en tant que spécification de l’économie sociale et solidaire(registre identitaire), et comme opportunité de coproduire de nouveaux principes d’évaluation (registre axiologique). Ces enjeux s’inscrivent dans une même problématique : l’incertitude qui pèse sur la coordination. Au sens de l’économie des conventions, l’incertitude est le résultat de l’existence d’une diversité de principes de coordination. La problématique de cette thèse est celle de la construction d’une convention de coordination d’utilité sociale des associations. Le paradigme théorique mobilisé renvoie à la sociologie économique, développant une méthodologie ancrée secoriellement (Insertion par l’Activité Économique) et territorialement. Une phase préliminare et exploratoire a été menée sur le territoire de la Communauté Urbaine de Nantes en s’inspirant de la Grounded Theory de sociologie de Chicago de façon à faire émerger la problématique de l’utilité sociale sur ce territoire. A l’issue de cette phase, les études de cas ont été définies et réalisées dans un champ d’activité productive (récupération, tri, réparation, reconditionnement et recyclage de différents types de matériaux). L’analyse thématique de discours fait état d’une convention d’utilité sociale instable en raison d’un déséquilibre entre un référentiel « insertion » et un référentiel « activités utiles ». L’analyse du mode de régulation entre SIAE et pouvoirs publics (régulation conjointe) a montré que l’utilité sociale prend la forme d’une règle auto-entretenue et non d’un principe supérieur commun du fait d’une construction quasi-exclusive sur le référentiel « insertion ». Le modèle productif de ces structures, à savoir celui des recycleries-ressourceries est, pourtant, susceptible de permettre la stabilisation de la convention de coordination d’utilité sociale, intégrant l’utilité sociale des mesures d’insertion par l’activité économique dans le traitement social du chômage (référentiel « insertion ») et l’utilité sociale des activités environnementales déployées (référentiel « activités utiles »).
Sources :
Archives ouvertes tel.archives-ouvertes.fr/tel-00226400