SANE, la « South African New Economics »
Rajni Bakshi, septembre 2008
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SANE, Alternatives Économiques d’Afrique du Sud, est un groupe inspiré par les écrits d’E.F. Schumacher et de James Robertson. Il souligne que « les économies alternatives ne doivent pas être confondues avec le concept récemment introduit de « nouvelle économie » qui est lié à l’économie de la mondialisation et à la révolution des technologies de l’information ».
SANE a pour objectif de travailler pour ce que Robertson appelle l’économie SHE (« elle »), saine, humaine et écologique, par opposition à l’économie orthodoxe HE (« il »), hyper-expansionniste. SANE est un réseau d’individus et d’organisations inquiets des conséquences sociales et écologiques de l’économie telle qu’elle est enseignée et pratiquée classiquement.
C’est pourquoi, SANE :
remet en question la vision étriquée de la plupart des économistes qui tendent à réduire les individus à des agents économiques, l’environnement à la propriété, les institutions sociales aux marchés et le progrès à la croissance de la production ;
interroge l’efficacité et la responsabilité du système économique mondial actuel face à l’évidence grandissante de l’aggravation des inégalités de revenus, de la pauvreté, du chômage, de la criminalité, des dégradations environnementales, du travail aliénant et de la désintégration des valeurs et des systèmes sociaux traditionnels ;
encourage le dialogue sur les théories et pratiques alternatives plus clairement destinées à promouvoir la justice et l’égalité sociales, l’autonomie communautaire et la durabilité écologique.
Le travail de SANE est enraciné dans la critique de l’économie de marché conventionnelle que ses défenseurs considèrent comme le meilleur modèle disponible. D’après SANE, cette vision conventionnelle ne reconnaît pas les failles fondamentales du système qui empêcheront toujours un progrès réel. En effet, le système de marché classique encourage une croissance perpétuelle, insoutenable écologiquement, une expansion économique qui se révèle incapable de créer des moyens d’existence pour tous et la centralisation du pouvoir économique. Il mine la démocratie afin de répondre aux impératifs du marché global.
SANE propose « six piliers de la durabilité » comme pierre angulaire des alternatives économiques :
1. une taxe sur la pollution, les ressources non renouvelables, la spéculation monétaire et la terre, en contrepartie d’une réduction des impôts sur le revenu
2. la promotion du local pour l’alimentation, les fibres, les combustibles et le mobilier
3. la restriction des mouvements monétaires internationaux via la Taxe Tobin et autres contrôles directs. Cela permettra de générer du capital localement et de le diriger là où il est vraiment nécessaire
4. le contrôle de la création monétaire en redonnant aux banques centrales leur droit et leur devoir démocratiques de créer la monnaie dont l’économie et la population ont besoin, au lieu de laisser cette fonction aux banques commerciales qui génèrent de l’endettement
5. le soutien aux monnaies locales parallèles afin d’encourager les conditions d’existence locales plutôt que les « boulots »
6. la mise en place d’un revenu de base citoyen qui peut être perçu sous forme de monnaie locale, de biens et services offerts par le gouvernement local et financé par les impôts ; l’effet multiplicateur de l’augmentation du pouvoir d’achat local créera du travail pour les mains et les compétences inemployées.
Les solutions proposées par SANE incluent :
la participation et la coopération formelle de toutes les parties prenantes, y compris la société civile, à la formulation de la politique économique et aux prises de décision
la création par le Gouvernement d’une monnaie non génératrice de dettes (par opposition aux prêts bancaires)
l’émission de nouvelle monnaie sous forme d’un revenu de base citoyen afin de stimuler les économies locales et de lutter contre l’exclusion
la taxation de l’usage des ressources, de la pollution, des activités inadéquates, afin de transformer les comportements économiques
la responsabilité, la coopération, l’investissement et la production éthiques pour répondre aux besoins de base
le développement de technologies, styles de vie et d’environnements qui contribuent à un développement local durable
l’utilisation d’indicateurs autres que le PNB pour mesurer les bénéfices et les coûts du développement économique
des monnaies complémentaires et des systèmes de commerce communautaires afin de stimuler le développement économique local.
SANE s’intéresse donc aux causes profondes et systémiques de la pauvreté et du chômage. Son objectif est que le Gouvernement d’Afrique du Sud adopte progressivement une politique en faveur des alternatives économiques en vue d’un développement économique durable et l’éradication de la pauvreté.
Sources :
Site web de D-P-H (Dialogues, Propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale) www.d-p-h.info/index_fr.html. Dossier: Une économie du bien-être : regards sur les alternatives économiques base.d-p-h.info/en/dossiers/dossier-949.html